Pollution et changement climatique

Ordure et culture du déchet       

L’accélération continuelle des changements de l’humanité et de la planète s’associe aujourd’hui à l’intensification des rythmes de vie et de travail. À cela, s’ajoute le fait que les objectifs de ce changement rapide et constant ne sont pas nécessairement orientés vers le bien commun, ni vers le développement humain. Le changement est quelque chose de désirable, mais il devient préoccupant quand il en vient à détériorer le monde et la qualité de vie d’une grande partie de l’humanité.   

Après un temps de confiance irrationnelle dans le progrès, une partie de la société entre dans une phase de plus grande prise de conscience. On observe une sensibilité croissante concernant aussi bien l’environnement que la protection de la nature, tout comme une sincère préoccupation pour ce qui arrive à notre planète terre. Faisons un tour de ces questions qui aujourd’hui suscitent notre inquiétude. L’objectif n’est pas de recueillir des informations ni de satisfaire notre curiosité, mais de prendre conscience, d’oser transformer en souffrance personnelle ce qui se passe dans le monde et de reconnaître la contribution que chacun peut apporter.  

Voilà pourquoi le premier chapitre de l’encyclique « Laudato Si » du Pape François propose à l’humanité de s’arrêter brièvement pour considérer ce qui se passe dans notre environnement au sujet de la pollution, du changement climatique, des ordures et de la culture du déchet.    

Il existe des formes de pollution qui affectent quotidiennement les personnes. L’exposition aux polluants atmosphériques produit une large gamme d’effets sur la santé, en particulier des plus pauvres, en provoquant des millions de morts prématurées. Ces personnes tombent malades, par exemple, à cause de l’inhalation de niveaux élevés de fumées provenant de la combustion qu’elles utilisent pour faire la cuisine ou pour se chauffer. À cela, s’ajoute la pollution qui affecte tout le monde, due aux moyens de transport, aux fumées de l’industrie, aux dépôts de substances qui contribuent à l’acidification du sol et de l’eau, aux fertilisants, insecticides, fongicides, désherbants et agro-chimiques toxiques en général. La technologie liée aux secteurs financiers qui prétend être l’unique solution aux problèmes est ordinairement incapable de voir le mystère des multiples relations qui existent entre les choses et par conséquent, résout parfois un problème en créant un autre.  

Il faut considérer également la pollution produite par les déchets, y compris les ordures dangereuses présentes dans différents milieux autour de nous. Des centaines de millions de tonnes de déchets sont produites chaque année, dont beaucoup ne sont pas biodégradables. Nous avons par exemple des déchets domestiques et commerciaux, des déchets de démolition, des déchets cliniques, électroniques et industriels, des déchets hautement toxiques et radioactifs. La terre, notre maison commune, semble se transformer toujours davantage en un immense dépotoir. À plusieurs endroits de la planète, les personnes âgées ont la nostalgie des paysages d’autrefois, qui aujourd’hui se voient inondés d’ordures. Aussi bien les déchets industriels que les produits chimiques utilisés dans les villes et dans l’agriculture peuvent provoquer un effet de bio-accumulation dans les organismes des populations voisines, ce qui arrive même quand le taux de présence d’un élément toxique en un lieu est bas.

Bien des fois, on prend des mesures seulement quand des effets irréversibles pour la santé des personnes se sont déjà produits. Ces problèmes sont liés à la culture du déchet, qui affecte aussi bien les personnes exclues que les choses, vite transformées en ordures.

Réalisons, par exemple, que la majeure partie du papier qui est produit, est gaspillée et n’est pas recyclée. Il nous coûte de reconnaître que le fonctionnement des écosystèmes naturels est exemplaire : les plantes synthétisent des substances qui alimentent les herbivores ; ceux-ci à leur tour alimentent les carnivores, qui fournissent d’importantes quantités de déchets organiques, lesquels donnent lieu à une nouvelle génération de végétaux.

Par contre, le système industriel n’a pas développé, en fin de cycle de production et de consommation, la capacité d’absorber et de réutiliser déchets et ordures. On n’est pas encore arrivé à adopter un modèle circulaire de production qui assure des ressources pour tous comme pour les générations futures, et qui suppose de limiter au maximum l’utilisation des ressources non renouvelables, d’en modérer la consommation, de maximiser l’efficacité de leur exploitation, de les réutiliser et de les recycler. Aborder cette question serait une façon de contrecarrer la culture du déchet qui finit par affecter la planète entière, mais nous remarquons que les progrès dans ce sens sont encore très insuffisants.   

Le climat comme bien commun

L’encyclique « Laudato Si » de sa sainteté le Pape François dans son premier chapitre, nous révèle que le climat est un bien commun de tous et pour tous. Au niveau global, le climat est un système complexe en relation avec beaucoup de conditions essentielles pour la vie humaine. Il existe un consensus scientifique très solide qui indique que nous sommes en présence d’un réchauffement préoccupant du système climatique. Au cours des dernières décennies, ce réchauffement climatique a été accompagné de l’élévation constante du niveau de la mer, et il est en outre difficile de ne pas le mettre en relation avec l’augmentation d’événements météorologiques extrêmes, indépendamment du fait qu’on ne peut pas attribuer une cause scientifiquement déterminable à chaque phénomène particulier. L’encyclique « Laudato Si » exhorte à l’humanité à prendre conscience de la nécessité de réaliser des changements de production et de consommation pour combattre ce réchauffement climatique ou, tout au moins, les causes humaines qui le provoquent ou l’accentuent.

 Il y a, certes, d’autres facteurs (comme le volcanisme, les variations de l’orbite et de l’axe de la terre, le cycle solaire), mais de nombreuses études scientifiques signalent que la plus grande partie du réchauffement climatique global des dernières décennies est due à la grande concentration de gaz à effet de serre émis surtout à cause de l’activité humaine.

En se concentrant dans l’atmosphère, ils empêchent la chaleur des rayons solaires réfléchis par la terre de se perdre dans l’espace. Cela est renforcé en particulier par le modèle de développement reposant sur l’utilisation intensive de combustibles fossiles, qui constitue le cœur du système énergétique mondial. Le fait de changer de plus en plus les utilisations du sol, principalement la déforestation pour l’agriculture, a aussi des impacts.

De ce point de vue, le réchauffement climatique a des effets sur le cycle du carbone. Il crée un cercle vicieux qui aggrave encore plus la situation, affectera la disponibilité de ressources indispensables telles que l’eau potable, l’énergie ainsi que la production agricole des zones les plus chaudes, et provoquera l’extinction d’une partie de la biodiversité de la planète. La fonte des glaces polaires et de celles des plaines d’altitude menace d’une libération à haut risque de méthane et la décomposition de la matière organique congelée pourrait accentuer encore plus l’émanation de dioxyde de carbone.

De même, la disparition de forêts tropicales aggrave la situation, puisqu’elles contribuent à tempérer le changement climatique. La pollution produite par le dioxyde de carbone augmente l’acidité des océans et compromet la chaîne alimentaire marine. Si la tendance actuelle continuait, ce siècle pourrait être témoin de changements climatiques inédits et d’une destruction sans précédent des écosystèmes, avec de graves conséquences pour nous tous. L’élévation du niveau de la mer, par exemple, peut créer des situations d’une extrême gravité si on tient compte du fait que le quart de la population mondiale vit au bord de la mer ou très proche, et que la plupart des mégapoles sont situées en zones côtières.

Pour ces raisons, le changement climatique est un problème global aux graves répercussions environnementales, sociales, économiques ainsi que politiques et constitue l’un des principaux défis actuels pour l’humanité.

L’encyclique « Laudato Si » du Saint-Père François prévient l’humanité en stipulant que les pires conséquences retomberont probablement au cours des prochaines décennies sur les pays en développement. Beaucoup de pauvres vivent dans des endroits particulièrement affectés par des phénomènes liés au réchauffement et leurs moyens de subsistance dépendent fortement des réserves naturelles et des services de l’écosystème, comme l’agriculture, la pêche et les ressources forestières. Ils n’ont pas d’autres activités financières ni d’autres ressources qui leur permettent de s’adapter aux impacts climatiques, ni de faire face à des situations catastrophiques et ils ont peu d’accès aux services sociaux et à la protection.

Par exemple, les changements du climat provoquent des migrations d’animaux et de végétaux qui ne peuvent pas toujours s’adapter et cela affecte à leur tour les moyens de production des plus pauvres, qui se voient aussi obligés d’émigrer avec une grande incertitude pour leur avenir et pour l’avenir de leurs enfants. L’augmentation du nombre de migrants fuyant la misère, accrue par la dégradation environnementale est très tragique. Ces migrants ne sont pas reconnus comme réfugiés par les conventions internationales et ils portent le poids de leurs vies à la dérive, sans aucune protection légale.

 Malheureusement, il y a une indifférence générale face à ces tragédies qui se produisent en ce moment dans diverses parties du monde. Le manque de réactions face à ces drames de nos frères et sœurs est un signe de la perte de ce sens de responsabilité à l’égard de nos semblables sur lequel se fonde toute société civile.

Mr Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des affaires étrangères, dans sa déclaration sur la question climatique, à New Delhi en Avril 2021, avait fait remarquer que les effets des bouleversements environnementaux se font déjà sentir sur tous les continents et appellent une réponse rapide, massive et collective. Pour Jean Yves Le Drian, la lutte contre les dérèglements climatiques est bel et bien pour nous, le combat du siècle. 

Jean Yves Le Drian avait également souligné que l’objectif de l’Accord de Paris est de limiter d’ici la fin du siècle le réchauffement climatique à 2°C voire 1,5 °C par rapport à l’époque préindustrielle. Si nous n’y parvenons pas, les conséquences seront très désastreuses.  

Beaucoup de ceux qui détiennent plus de ressources et de pouvoir économique ou politique semblent surtout s’évertuer à masquer les problèmes ou à occulter les symptômes, en essayant seulement de réduire certains impacts négatifs du changement climatique. Mais beaucoup de symptômes indiquentque ces effets néfastes du changement climatique ne cesseront pas d’empirer si nous maintenons les modèles actuels de production et de consommation. Voilà pourquoi, il devient urgent et impérieux de développer des politiques pour que, les prochaines années, l’émission du dioxyde de carbone et d’autres gaz hautement polluants soit réduite de façon drastique, par exemple en remplaçant l’utilisation de combustibles fossiles et en accroissant des sources d’énergie renouvelable.

Dans le monde, il y a un niveau d’accès réduit à des énergies propres et renouvelables. Il est encore nécessaire de développer des technologies adéquates d’accumulation. Cependant, dans certains pays, des progrès qui commencent à être significatifs ont été réalisés bien qu’ils soient loin d’atteindre un niveau suffisant. Il y a eu aussi quelques investissements dans les moyens de production et de transport qui consomment moins d’énergie et requièrent moins de matière première, comme dans le domaine de la construction ou de la réfection d’édifices pour en améliorer l’efficacité énergétique. Mais ces bonnes pratiques sont loin de se généraliser.

Il y a un an, la Russie marquait le début de son invasion illégale en Ukraine, provoquant ainsi une crise énergétique en Europe et des flambées de prix à l’échelle mondiale. L’Agence internationale de l’énergie l’a même clairement énoncé : la guerre en Ukraine accélère le mouvement en faveur des énergies propres. Ainsi, la course devient plus intense que jamais dans la quête d’innovations dans les technologies propres et le passage vers la transition énergétique.  

De ce point de vue, le ministre de l’Environnement et du Changement climatique du Canada, Mr Steven Guilbeault, a fait savoir le mois dernier à l’occasion de la journée du Globe tenue au Canada, que la présence des investisseurs dans les secteurs des énergies propres est indispensable pour diminuer la pollution tout en ouvrant la voie à de nouvelles perspectives économiques. Et il ajoutait que le rôle des Etats consiste à créer des incitatifs et à formuler des règlements qui envoient aux marchés des indicateurs clairs et à long terme pour faciliter la réduction des émissions de gaz à effet de serre de manière souple.  

Les conférences des Nations-Unies sur l’environnement tenues respectivement à Stockholm, en 1972 et à Rio de Janeiro en 1992, avaient conduit la communauté internationale à accorder une attention particulière aux problèmes environnementaux face aux dangers prévisibles de sa dégradation.

Parmi les dégâts causés à l’environnement figurent notamment la diminution de la diversité biologique, la pollution du sol, de l’air et de l’eau, la destruction de la couche d’ozone, la diminution de la fertilité du sol, la désertification, les ordures, la gestion des déchets dangereux et leur élimination, l’épuisement des ressources halieutiques et la détérioration du patrimoine naturel et culturel.

La législation internationale

Préoccupés par la volonté de faire face aux multiples défis susvisés et de contribuer à l’atténuation des dommages constatés, les Etats ont signé des accords multilatéraux sur l’environnement. Dans ces législations internationales, il y a la convention de Stockholm; la convention de Rotterdam et la convention de BALE. Toutes ces conventions sont soit signées, soit ratifiées et animées par les points focaux. Elles visent la gestion écologiquement rationnelle afin d’éviter les effets néfastes des produits chimiques dangereux sur la vie humaine et l’environnement.  

La législation nationale 

S’agissant de la législation nationale en République Démocratique du Congo, un atelier de sensibilisation avait été organisé en Janvier 2017, sur les mesures  relatives aux produits chimiques dangereux. A cette occasion, le Directeur provincial du Kongo central de l’Agence congolaise de l’environnement, Mr Jacques BIOKO, avait soulevé la nécessité pour le peuple congolais, d’acquérir les connaissances sur la gestion des produits chimiques dangereux et des déchets, de comprendre la législation existante en RDC en matière des polluants Organiques Persistants. A titre indicatif,  il existe en RDC :

  • La constitution du 18 février 2006 qui consacre le droit à un environnement sain en son article 54, qui fixe les conditions  d’implantation des établissements dangereux ou insalubres et réprime la pollution de l’espace terrestre ou maritime ;
  • La loi de juillet 2011 portant principes fondamentaux relatifs à la protection de l’environnement  prévoit en son article 53 que l’Etat prenne des mesures appropriées pour prévenir, atténuer et éliminer les effets nuisibles sur l’environnement et la santé humaine des produits chimiques, des pesticides dangereux et des polluants organiques persistants ;
  • La loi de janvier 1973 Art 12 qui soumet à son autorisation et sur  contrôle l’Importation, l’exportation et le transit des marchandises aussi dangereuses, des biens et valeurs quelconques ;
  •  La loi de decembre 2010 relatif à l’aviation civiles a son articles 55 qui stipule que le transport des marchandises dangereuses ne peut être assurés  qu’avec l’autorisation écrite de l’autorité de l’aviation civiles dans de conditions déterminées ;  
  • Le Décret de Novembre 2005 Portant  Réglementation  phytosanitaire en  R.D.Congo pour certains produits chimiques dont l’utilisation est prohibée  par les Conventions précitées.

Bien  que la Gestion des Polluants Organiques Persistants ou des Pesticides soit réglementée, mais il Ya la présence  de ces produits chimiquesextrêmement  dangereux autour de nous,  des Produits chimiques non homologués et interdits  sur le marché, pouvant  causer préjudice à la santé des personnes ou de son environnement. Pour toutes ces raisons,  les  services  qui opèrent  aux frontières  doivent  effectuer le contrôle  documentaire  des produits chimiques dangereux (pesticides) qui traversent  les frontières  afin de protéger la santé de l’humanité toute entière et de son environnement. A cet effet, ils doivent: Disposer des listes des Pesticides homologués encours de validité et des Pesticides interdits  sur le plan international et national ; Vérifier les Autorisations d’importation des Pesticides délivrées par le service d’homologation des Administrations Centrales des pays ; Vérifier les Preuves de paiement  de taxe à l’importation des Pesticides; Empêcher l’entrée  illégale des Pesticides, Encourager la collaboration  entre la Police de commerce, les Ministères concernés et le Service d’homologation des Pesticides dans la recherche des infractions liées à la vente illégale des Pesticides ou Produits Phytosanitaires et sanctionner les récalcitrants par des pénalités  conformément à la loi.    

                                                            Roger KABATA MULUNDU

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